VEL : « Quand j’ai commencé à produire, je ne faisais que de l’ambient »

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Photo: Mathilda Bonsoir

Artiste marocaine basée à Paris, DJ et productrice de musique électronique, Vel dévoilait en mars dernier la création de son propre label: PURR. Plateforme musicale mettant à l’honneur une scène émergente hybride, PURR se distingue par une direction visuelle forte et une sélection d’artistes pointue oscillant entre ambient, break, techno et textures noise. Après déjà deux VA en avril et juin dernier, VEL nous fait la promesse d’une rentrée radieuse avec la sortie de son propre album sur PURR, pour un projet full ambient. 

 À quel moment as-tu eu envie de lancer ton propre label ?

C’est une idée qui me trotte dans la tête depuis que j’ai commencé à produire. En 2022, j’ai sorti mon EP He Took One Cliché en self-release sur Bandcamp, et je me suis posée la question de créer un label par la même occasion. Finalement j’ai attendu, et avec le recul, c’était une bonne décision : ma vision n’était pas encore claire et précise.

Peux-tu nous raconter la genèse du projet et les différentes étapes de construction du label ?

J’ai commencé à en parler à mon agence début 2024, et ils m’ont tout de suite encouragée. Ils m’ont confirmé que c’était une évolution naturelle et cohérente à mon profil de productrice. Ensuite, j’ai dressé une liste d’artistes que je rêvais d’inviter sur le projet, je les ai contactés… et tout le monde a dit oui. En parallèle, je cherchais une direction visuelle forte. J’ai tout de suite été attirée par un univers très digital. On a construit cette identité au fil de plusieurs échanges avec l’agence, notamment avec Yann Ranchon, qui a créé les visuels du label.

Quels conseils peux-tu donner aux jeunes DJs/producteur·ices qui aimeraient eux aussi lancer leur propre label ?

Prenez le temps. Laissez les idées mûrir pour qu’elles deviennent un vrai concept, avec une identité claire. Dans le flot actuel de sorties, il est essentiel d’être reconnaissable. Et pour ça, il faut une patte, une direction, une signature.

Peux-tu nous présenter le label en termes de direction musicale ?

Je me concentre principalement sur la musique club : des morceaux pensés pour le dancefloor, énergiques mais subtils, avec une vraie richesse dans les textures et des prises de risques sonores. Ce sont des tracks qui visent à stimuler autant le corps que l’esprit. Mais PURR ne se limite pas au club : une ouverture vers des formes plus ambient est déjà en route, notamment avec une première sortie prévue à la rentrée...

Le label compte déjà deux various. Comment sélectionne-tu les artistes ?

Pour la première compilation, j’ai écrit directement à mes coups de cœur du moment. Ce sont des artistes tellement doués, encore peu représentés, et je trouvais qu’il y avait une belle cohérence entre leurs univers. Pour le deuxième volume, j’ai élargi le processus : certains morceaux m’ont été envoyés spontanément, d’autres sont des découvertes que j’ai testées en club et qui ont immédiatement trouvé leur place. C’est assez instinctif, je cherche ce frisson qui me dit que ça a sa place chez PURR.

PURR laisse une belle place à l’ambient. Tu peux nous parler de ton lien avec ce genre, encore trop peu valorisé dans le spectre électronique actuel ?

Quand j’ai commencé à produire, je ne faisais que de l’ambient. C’est un genre qui m’accompagne au quotidien, que j’écoute pour me recentrer, me calmer. J’en ai besoin, c’est presque vital. Ce que j’aime, c’est la puissance émotionnelle de cette musique. Il n’y a pas de kicks 4/4 pour "prendre de la place", les sons respirent et révèlent toute leur intensité. C’est une musique intime, qui se livre avec pudeur.

Comment le public réagit-il à l’ambient sur un dancefloor ? Est-ce difficile d’en capter l’énergie ? Est-ce un challenge pour toi ?

J’ai joué un live ambient d’une heure à la Gaîté Lyrique l’année dernière. Honnêtement, c’était plus intimidant pour moi que pour le public, qui était là en connaissance de cause. Je me suis sentie à nue sur scène, sans basse pour me cacher, sans le mouvement du corps pour occuper l’espace.Il faut une forme de lâcher-prise et de confiance pour assumer cette sincérité. En DJ set, j’intègre parfois des moments ambient, en intro, outro, ou même au milieu. C'est toujours un petit défi, mais c’est là que je sens que je propose quelque chose d’unique, et que je suis moi-même.

Tu peux nous teaser un peu la suite de l’aventure ? Quelles sont les prochaines actus ?

La première sortie ambient du label arrive à la rentrée : c’est mon album ! Et l’année 2026 est déjà bien remplie, avec plusieurs sorties d’artistes que j’admire profondément. J’ai hâte de dévoiler la suite.