Beyrouth, histoire d’une ville qui danse au bord du gouffre

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“Beyrouth mille fois morte et mille fois revécue”, écrivait Nada Tueni. La capitale libanaise vit au rythme de ses renaissances, oscillant entre effondrement et extase. Ici, danser est une nécessité, une forme de respiration collective, une façon d’habiter le temps. Car Beyrouth sait ralentir quand tout s’accélère, et se relever quand tout s’effondre. Portrait d’une ville qui refuse de survivre.

14 avril 2018, 5h30 du matin. Le soleil se lève sur Beyrouth et ses premiers rayons illuminent la pyramide du Garten, ce club mythique en plein air qui fermera définitivement après l’explosion du 4 août 2020. Acid Pauli est aux platines. Sur le dancefloor, la communion habituelle se crée, celle qui se répète à chaque lever du soleil dans cette ville où l’on danse toujours avec une urgence particulière, comme si chaque fête pouvait être la dernière.

Cette nuit-là sera presque la dernière pour le Garten : Acid Pauli mixe un track contenant un verset du Coran sans s’en rendre compte. Le DJ, habitué à incorporer des passages de radio dans ses sets, provoque malgré lui une tempête. Le club écopera d’une fermeture administrative de cinq semaines. L’incident résume à lui seul la fragilité sur laquelle repose la scène électronique à Beyrouth, et plus largement au Liban : dans un pays où cohabitent dix-sept communautés religieuses, rien n’est jamais tout noir ni tout blanc.

Cette fragilité n’est pas nouvelle. La genèse de la scène électronique libanaise remonte à la fin de la guerre civile, avec Trashy Renaissance, série de soirées initiées par Nicole Moudaber. On y voyait chrétiens, musulmans, juifs et personnes queer danser ensemble, entre une mosquée en ruine et une église. Des DJs venus de Paris, Londres ou Berlin — Paul Van Dyk, Anthony Pappa — jouaient sous la protection de l’armée libanaise. Jusqu’au jour où des journalistes infiltrent la soirée : le lendemain, la presse arabe titre “Homosexualité et perversion à Beyrouth.” Interrogée par la sécurité syrienne (la Syrie impose alors son mandat sur le pays) Nicole Moudaber quitte alors le Liban. Trashy Renaissance s’éteint.

On dit souvent que la particularité de la fête au Liban réside dans cette mixité : des gens de différentes religions et bords politiques réunis sous le même dancefloor. Vue d'Occident, cette affirmation peut sembler banale. Mais au Liban, où tout est déterminé par l'appartenance religieuse et politique, ces espaces deviennent des bulles rares. Des lieux où ces identités se dissolvent temporairement dans la musique et la nuit. C'est ce qui rend l'expérience si précieuse, et si fragile. Et c'est précisément cette fragilité qui raconte l'histoire du pays.

Le pattern est donc posé : Beyrouth construit, Beyrouth se fait censurer, Beyrouth brûle, Beyrouth renaît de ses cendres. Vingt ans plus tard, en 2019, la capitale libanaise est devenue la référence de la musique électronique au Moyen-Orient. Cinq ans après, 2025, le constat n’est pas le même. Entre fermetures de clubs, crise économique, explosion du port et guerre, la scène beyrouthine tente de se réinventer à travers une nouvelle vague de collectifs underground et de speakeasies. De l'âge d'or aux cendres, retour sur une scène qui refuse de mourir.

La première pierre

Impossible de commencer tout dossier sur la musique électronique à Beyrouth sans parler du B018. Ouvert en 1998 par Naji Gebran est devenu le rite de passage de toute personne atteignant sa majorité. Bernard Khoury, l’architecte du B018 refuse l'amnésie collective qui domine la reconstruction d'après-guerre et décide d’en faire un bunker, construit sur le site d'un massacre de 1976, le club célèbre sous terre, son toit s'ouvrant durant la nuit pour laisser transparaître les étoiles. 

Mais l'histoire du B018 commence avant ce bunker. En 1994, Naji Gebran ouvre un premier club à Sin El-Fil, un bâtiment cubique au milieu d'un terrain vague où, pour la première fois depuis vingt ans, chrétiens et musulmans dansent ensemble sur de l'acid jazz et de la drum'n'bass. C’est aussi l'un des rares espaces où la communauté LGBTQ+ libanaise trouvaient à l’époque une visibilité dans une société profondément conservatrice. Le succès est immédiat, mais le divorce du fondateur en 1996 force la fermeture. Deux ans plus tard, le B018 renaît dans le quartier de la Quarantaine, accessoirement le quartier des abattoirs bovins de Beyrouth. 

Aujourd'hui, le B018 est fermé. Victime de la crise économique, de l'explosion du port, de la flambée des coûts et de problèmes de gestion, sa fermeture est symptomatique du sort de nombreux clubs libanais.

Photo par Myriam Boulos pour M Le Monde

D’autres suivront le mouvement. The Basement, Uberhaus, The Grand Factory, Ballroom Blitz : chacun à sa manière, ces clubs prolongent l’histoire. Le premier Uberhaus, installé dans un hôtel à Hamra au début des années 2000, devient le berceau d’une génération de DJs qui définissent le son de Beyrouth. Cette base locale solide permettra, quelques années plus tard, l’émergence d’une scène d’une autre échelle : The Garten, The Grand Factory, puis le Ballroom Blitz.

Sous la houlette de Nemer Saliba et de son collectif Uberhaus, Beyrouth devient la seule ville de la région à programmer chaque semaine des artistes internationaux tout en continuant à faire vivre ses talents locaux. C’est cette initiative qui rendra Beyrouth unique dans la région

L’âge d’or, entre institutions et contre-cultures

Au Liban, le clubbing est une expérience totale. Scénographies monumentales, décors qui changent à chaque soirée, attention presque maniaque aux détails : sortir à Beyrouth, c’est vivre un rituel sensoriel, visuel et auditif. Les concepts s’enchaînent, les soirées se spécialisent : RnB, disco, techno. La disco-house domine, la techno mélodique s’impose, la ville se mainstreamise, façon Ibiza.

Le Garten

Mais face à ces mastodontes que sont The Grand Factory, AHM et Garten, le besoin de renouveau se fait sentir. Les clubs deviennent chers (20 dollars l’entrée, 12 dollars la boisson), les tables remplacent les dancefloors, les line-ups tournent en boucle : Black Coffee, Tale of Us, Bodzin…

C’est dans ce contexte qu’apparaît le Ballroom Blitz, qui prend le contre-pied : pas de tables, programmation pointue, attention donnée à la scène locale. Lefto, Call Super, Éclair Fifi, Djulz, Moxie… Trois rooms pour trois univers : le lobby disco-house, la main room techno et breakbeat, la gold room ( qui possède le meilleur sound system de la région) dédiée à l’expérimental. Le club devient un symbole d’audace.

Photo par Sama Beydoun au Ballroom Blitz

Aujourd’hui, le Ballroom Blitz a perdu de sa superbe. L’espace, autrefois laboratoire sonore et point de rencontre de la scène locale, s’est transformé en lieu de location pour des promoteurs extérieurs. Le samedi, une soirée hebdomadaire appelée Club Soda propose des sets nostalgiques entre remix TikTok et sons 80s. 

En marge de ces grandes institutions, une contre-culture s’organise déjà. Des collectifs comme TeknoAnd, Follow The Rino ou Forestronika  pour n’en citer que quelques-uns proposent une autre vision de la fête, plus libre, plus brute, plus proche du public. TeknoAnd défendait une techno sans compromis, invitant parfois des artistes encore inconnus du grand public, on a pu y voir Amelie Lens à ses débuts, tandis que Follow The Rino réinvestissait entrepôts et usines désaffectées pour recréer un vrai esprit de warehouse. Forestronika, elle, préfère la nature : des campings électroniques dans le Chouf ou à Batroun, entre trance, expérimentation et communion.

Moins chers, plus accessibles, ces événements créaient des micro-sociétés éphémères où se croisaient DJs, artistes visuels et publics fidèles. Ils ont façonné une culture parallèle, spontanée, solidaire, et profondément libanaise dans sa manière de faire beaucoup avec peu.

Mais cette effervescence ne pouvait durer éternellement. À partir de 2019, le contexte économique et politique du Liban bascule et asphyxie le pays jusqu'à aujourd'hui. 

L’asphyxie 

Pour comprendre cette asphyxie, il faut mesurer l’ampleur de l’effondrement économique qui touche le pays. En 2019, un dollar valait 1 500 livres libanaises. Aujourd’hui, il en vaut près de 100 000 sur le marché noir, comme si, du jour au lendemain, 1 dollar se mettait à valoir 60 euros. Depuis octobre 2019, les Libanais ne peuvent plus accéder à leurs économies : les banques ont tout simplement bloqué les comptes et y limitent l’accès. Ce système pyramidal a englouti des vies entières d’épargne. L’économie repose désormais sur le cash, alimenté par les transferts de la diaspora.

Pour les clubs, l’équation est devenue intenable : jongler entre plusieurs taux de change, payer en dollars introuvables ou en livres sans valeur, honorer les cachets d’artistes internationaux. Pour le public, c’est tout aussi brutal. Une entrée à 20 dollars en 2019 représente aujourd’hui plusieurs semaines de salaire. La classe moyenne, auparavant moteur de la vie nocturne, a disparu. Ceux qui continuent à sortir sont souvent soutenus par leurs proches à l’étranger ou payés en dollars. Sortir danser est devenu un luxe. 

L’explosion du 4 août 2020 a porté le coup de grâce à certains clubs du quartier de la Quarantaine. 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium ont pulvérisé le port de Beyrouth, situé à deux pas du quartier de la Quarantaine et de la Waterfront, où se trouvaient les clubs d’été du Grand Factory (AHM) et d’Uberhaus (Garten). Le Garten ferme, le Ballroom peine à rouvrir pour finalement cesser toute soirée sans promoteur. 

Ce drame s’ajoute à des mois de confinement liés au Covid-19 et à la révolution d’Octobre 2019, point de bascule d’une lente descente aux enfers. Depuis, le pays vit au rythme d’une instabilité chronique crises politiques, effondrement économique, attaques incessantes d’Israël. Dans ce climat, chaque fête tient de la provocation. Chaque soirée peut être la dernière. Malgré l’envie de séparer la fête du politique, danser au Liban reste une façon de tenir, de se rassembler, de se rappeler qu’on est encore en vie.

Ici, la musique ne sert pas seulement à célébrer : elle protège, elle recouvre. Dans un pays où Fairouz résonne encore chaque matin, les mélodies ont toujours eu une fonction vitale, couvrir le bruit des bombes, faire taire l’attente, maintenir la vie en mouvement.

Et quand le chaos reprend, la fête continue. Les vidéos de Libanais dansant sous les drones israéliens circulent sur les réseaux, image saisissante d’un pays qui, même au bord du gouffre, refuse de s’arrêter. Plus qu’un acte de défi, c’est une forme de déconnexion collective, une manière de suspendre le réel, ne serait-ce que quelques heures, pour exister autrement.

Photo par Sama Beydoun

Une scène sans frontières

Face à l’effondrement des structures traditionnelles (clubs trop chers, programmations aseptisées, public appauvri) une nouvelle énergie s’est remise à circuler depuis 2022. Plus intimes, plus accessibles, souvent autogérées : house parties, collectifs indépendants, speakeasies cachés. Une scène qui, sans vraiment renaître, se réorganise différemment. Un retour à la simplicité, presque contraint, mais qui rappelle paradoxalement les débuts mêmes de la culture électronique au Liban : peu de moyens, beaucoup d’envie, et la conviction que la fête peut encore exister autrement. Le tourisme quant à lui repose désormais sur la diaspora qui, paradoxalement, maintient le souffle vivant à l’étranger : à Paris, Dubaï, Berlin, des collectifs comme Laylit, Beirut Electro Parade ou Disco Dabké continuent à faire rayonner le Liban et la culture arabe dans le monde.

La scène libanaise n’est plus seulement un lieu, elle se transforme en un réseau mondial, dispersé mais relié par la même nostalgie, l’envie de se retrouver, similaire à ses voisins.

Mais cette renaissance se joue dans un contexte profondément transformé. Une partie de la jeunesse a quitté le pays, emportant avec elle une part de l’énergie créative qui animait autrefois les dancefloors. Ceux qui restent dansent moins, ou autrement. Le tourisme, lui, ne repose plus sur l’attraction internationale d’autrefois, mais sur la diaspora qui revient chaque été pour quelques semaines. Là où Beyrouth accueillait auparavant des regards extérieurs tourne aujourd’hui presque en vase clos. 

Parmi ces formats émergents, La Cabana occupe une place à part. Inspirée de l’enfance d’Edwin Arida passée dans les montagnes des Cèdres entre longues journées en plein air et repas partagés avec sa famille et des moments, l’expérience transpose cet esprit simple et collectif à l’âge adulte. Loin du bruit de Beyrouth, La Cabana réunit chaque été un groupe restreint autour de musique, de nature et d’hospitalité. Pendant tout un week-end, les participants dorment, mangent et dansent ensemble au cœur de la montagne ; les activités, les repas et les DJ sets s’enchaînent dans une atmosphère de confiance et de proximité.

Au-delà de la fête, La Cabana incarne un retour à ce que l’on pourrait appeler “l’esprit libanais” : une forme de simplicité, de générosité, de connexion à la terre et aux autres. C’est peut-être pour cela qu’elle suscite un attachement particulier, ce besoin de retrouver, le temps d’un week-end, une version du Liban que beaucoup ont peur de perdre.

La Cabana

Mais cette mutation ne concerne pas que les formats. Elle touche aussi, plus profondément, le rapport du public à la musique elle-même. Malgré l'envie et le besoin pressant d'introduire de nouvelles sonorités, loin des Keinemusik et des Afterlife, le public libanais peine à s'ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. Comme si le dancefloor, espace d'évasion par excellence, était aussi devenu un lieu où retrouver une familiarité rassurante. Après cinq ans d'enchaînement de crises, le besoin de sécurité émotionnelle semble primer : on veut ce qu'on connaît, ce qui ne surprendra pas. Ce qui explique aussi pourquoi des espaces comme le Ballroom Blitz n'ont pas pu continuer leurs programmations niches.

La dernière venue de Keinemusik au Liban en est la parfaite illustration. Ce collectif allemand, qui a explosé mondialement en grande partie grâce à sa fusion avec les sonorités arabes (un phénomène qui mériterait un dossier à lui seul), était invité par l'équipe de Factory People, aujourd'hui l'un des seuls groupes possédant des clubs qui fonctionnent hebdomadairement au Liban. Le crew a choisi de ne pas jouer les classiques attendus et de proposer un set plus “exploratif”. Le verdict du public a été sans appel : une vague de vidéos TikTok où des Libanais se plaignent que Keinemusik n'a pas joué "les tracks qu'ils attendaient". 

Préserver l’essence

Il existe pourtant des exceptions à ce repli vers le familier comme la minimale. Dans un pays historiquement friand du BPM lent (héritage peut-être inconscient des sonorités arabes traditionnelles et de leur rapport au temps ?), ce courant s’est imposé à contre-courant de la techno mélodique et des grosses productions qui dominent la scène. Des collectifs comme Tribe Called Tribe ou Fantôme de Nuit l’ont ancrée durablement dans le paysage, fédérant une communauté fidèle autour de sets hypnotiques et dépouillés. Aujourd’hui, de nouveaux venus comme Somewhere ou Lazarus Killed Jazz prolongent cette tradition, prouvant qu’il existe encore un public pour l’exploration sonore.

La minimale est devenue un cas d’école : elle n’a pas eu besoin de forcer une porte, elle s’est glissée dans une brèche déjà ouverte. Sa lenteur, sa répétition, sa transe parlent une langue que le public libanais comprend instinctivement. Mais cette proximité a aussi son revers : la scène reste très fermée sur elle-même. Et si cette scène peut sembler élitiste, elle garde malgré tout vivante une exigence musicale, une curiosité, un goût du détail, autant de qualités qui, au fond, maintiennent la flamme d’une culture qui refuse de se contenter du minimum.

Autre initiative marquante : Peachpuff. Né à Zahlé dans les années 2000 comme un bar-club hybride, l’espace a formé toute une génération de DJs de la scène locale avant de se transformer, à Beyrouth, en académie et agence dédiée à la transmission et à la préservation d’une culture électronique plus exigeante. Loin du circuit commercial, Peachpuff s’attache à ouvrir les oreilles du public, à valoriser le mix comme un art et à défendre une musique qui privilégie la profondeur plutôt que la viralité. Dans un paysage fragilisé, cette approche pédagogique et passionnée redonne une structure et une ambition à une scène qui continue, malgré tout, à former ses propres talents.

Une nouvelle génération prend le relais.

Plus de femmes derrière les platines, des DJs qui sortent de la traditionnelle melodic techno ou commerciale, on explore, on expérimente et on collabore. On garde un héritage de l’énergie des précédentes années, mais pas les codes. Leur approche est plus libre, plus instinctive, souvent moins centrée sur les grandes institutions de la nuit et plus sur la communauté qui les entourent.

En parallèle, une autre vague, celle des Libanais qui reviennent après des années à l’étranger, apporte un regard neuf. Ces retours ne sont pas anodins : ils traduisent une envie de reconstruire, ou peut-être simplement de créer un nouveau cadre de vie plus ouvert. Certains montent leurs agences, d’autres ouvrent des cafés, des studios, des espaces hybrides où la musique, la scène et l’art s’entrelacent à nouveau. Et pourtant, derrière cette effervescence, la culture (et plus encore la musique électronique) n’a jamais bénéficié d’aucun soutien institutionnel. Aucune subvention, aucun ministère, aucune politique publique ne s’est jamais intéressé à ces scènes, perçues comme périphériques, presque suspectes. Le Liban n’a pas d’écosystème culturel structuré : pas de fonds pour les artistes, pas de lieux subventionnés, pas de cadre légal qui protège ou encourage la création.

Tout repose sur l’autofinancement, les réseaux, la débrouille. Et pourtant, c’est précisément cette culture, libre et indépendante, qui fait rayonner le pays à l’étranger : les DJs, les festivals, les labels, l’art. À chaque crise, ce sont ces artistes qui exportent encore une image de vie, de mouvement, d’une culture riche. Le potentiel touristique est immense mais il reste ignoré.

À l’époque de l’âge d’or, les week-ends électro faisaient venir des visiteurs du Golfe, d’Europe et d’Amérique du Nord. Aujourd’hui, même les structures qui survivent, qu’elles soient commerciales comme AHM ou alternatives comme La Cabana, Peachpuff, Somewhere opèrent dans le même schéma : aucune aide, zéro financement public. Tout repose sur des individus et leur passion.

Sauf qu’à la différence d’avant, il n’y a plus d’argent, plus de marge d’erreur, plus de sécurité. La scène tient uniquement parce qu’elle refuse de disparaître.

La Cabana

Au Liban, on construit toujours avec la conscience que tout peut s’effondrer. Mais cette conscience n’a jamais été paralysante pour un pays qui a toujours pu se reconstruire, même sur des bases fragiles. C’est ce paradoxe de bâtir sur les ruines, encore et encore, qui rend cette scène si singulière. Elle ne cherche plus à imiter Berlin ou Ibiza : elle cherche à créer sa propre singularité.